http://www.lanouvellerepublique.fr/Indre/Loisirs/24H/n/Contenus/Articles/2017/08/28/Des-tatoueuses-Non-des-artistes-a-part-entiere-3205626
La sixième convention de tatouage Ink’n’roll s’est terminée hier, à Belle-Isle. Rencontres avec Alix Ge, Lilou, Émilie et Alixe Cooper.
N'allez pas demander à Alix Ge quelles différences résident entre le travail des tatoueurs et celui des tatoueuses. « Ca m'énerve car ça fait des années qu'on me parle de ça. Quel intérêt ? J'ai tout fait pour que, justement, on ne me considère pas comme une femme mais comme une artiste. Les conventions, les magazines, les évènements " spécial tatoueuses ", je refuse systématiquement. Pour moi, il n'y a pas de différence. Ce que je regarde, c'est le tatouage, la qualité. »
Léa Nahon une inspiration
Il y a encore dix ans, peu de femmes embrassaient la profession de tatoueuses. Mais ce week-end, à la convention de Belle-Isle, elles étaient presque aussi nombreuses que les hommes. « Depuis six ans je dirais, on voit de plus en plus de femmes », estime Lilou, du salon Santa Sangre, de Clermond-Ferrand. Difficile de faire sa place dans un monde d'hommes ? Négatif, d'après toutes les tatoueuses rencontrées à la convention. « Parce que c'est une histoire de talent. Si tu es douée, tu as ta place. Le monde du tatouage est élitiste, on veut les meilleurs. Si tu n'as pas un bon portfolio, tu peux difficilement réussir, confie Émilie, alias EM, venue d'Angers. Il faut quand même être endurcie, savoir se défendre, mais l'ambiance est souvent bon enfant. Et puis, dans le métier, les filles ne se laissent pas faire. » Alixe Cooper approuve. « Il faut avoir du caractère. Mais moi, je ne me définis pas en tant que fille mais en tant qu'artiste. On vaut autant que les hommes. Une touche féminine ? Je ne pense pas, c'est un cliché. En voyant un tatouage, on ne peut pas dire à 100 % qu'il s'agit du travail d'un homme ou d'une femme. » Dans le métier depuis deux ans, Alixe Cooper avoue avoir été chanceuse d'arriver dans un monde déjà féminisé. Adolescente, elle a assisté, sur les pages glacées de ses magazines de tatouages préférés, à cette évolution. « J'ai vu des tatoueuses s'imposer, comme Léa Nahon ou Maud Dardeau. Ces deux-là m'ont inspirée. » A côté de Léa Nahon, Lilou cite également « Sunny Buick et Alix Ge », sa voisine de stand.
Et du côté de leurs clients, être une femme, ça compte ? « Beaucoup vont préférer des tatoueuses, surtout chez les filles », constate Alixe Cooper. D'après Émilie, ses clientes sont davantage enclines à la spontanéité. « Je propose beaucoup de flashs (1). Du coup, ma clientèle est à 80 % féminine. Les hommes vont plutôt me passer des commandes. » Mais là encore, rien de général. Entre tatoués et tatouées, évitons aussi les clichés !
(1) Les flashs sont des dessins prêts à être tatoués.
Le prochain Ink'n'roll est déjà fixé : il aura lieu les 31 août, 1er et 2 septembre 2018. Pourquoi choisir cette convention plutôt qu'une autre pour s'y faire tatouer ? Pour sa qualité. Denis Giraud, de l'Atelier D, rue Grande, et organisateur de l'évènement, n'invite pas n'importe qui. Tous les tatoueurs présents ont fait leurs preuves et sont reconnus dans le monde du tatouage. Certains grands noms y sont même présents, attirant ainsi des tatoués de toute la France. La liste des prochains invités (certains reviennent d'année en année à Châteauroux) sera dévoilée quelque mois avant l'évènement. Il ne faudra pas tarder pour prendre contact avec eux.
Élodie Corvée